Bannis du milieu, adulés par le public

Bannis du milieu, adulés par le public Deux ans après la vague de dénonciations qui a déferlé sur le Québec, les personnalités qui ont été la cible d’allégations demeurent pour la plupart au ban de l’industrie artistique québécoise. Mais le grand public, lui, semble avoir plus de facilité à oublier leurs frasques. Avec pour preuve les foules qui se déplacent aux spectacles d’Éric Lapointe cet été, ou encore l’appui populaire dont bénéficie Maripier Morin ces jours-ci, avec la sortie du très attendu Arlette. Doit-on voir dans ce succès inespéré un pied de nez contre la culture du bannissement? Contre la censure? Contre un milieu artistique essentiellement montréalais que l’on trouverait trop vertueux? «Il y a tellement d’histoires qui sortent… Peut-être qu’en région, on est un peu moins sensibles à tout ça», se risque à avancer, pour sa part, Jean-François Côté, directeur général du Festival de l’érable de Plessisville. En mars, des jeunes de cette communauté du Centre-du-Québec s’étaient élevés contre la venue d’Éric Lapointe. Le Festival avait toutefois décidé de maintenir le rockeur dans sa programmation, indiquant être lié au chanteur par un contrat signé avant son arrestation. Au bout du compte, son spectacle au Festival de l’érable s’est avéré un véritable succès, en dépit des voix discordantes. Ainsi, certains artistes qui ont été au coeur de controverses dans les dernières années font malgré tout leur bonhomme de chemin. Il n’en demeure pas moins que leur carrière a pâti de cette mauvaise presse. Des promoteurs refusent toujours de les mettre à l’affiche, bien que le public les réclame. L’auteur-compositeur-interprète Bernard Adamus n’a à peu près pas donné signe de vie depuis deux ans. Et pourtant, il figure au palmarès des artistes québécois les plus écoutés dans la province sur les plateformes en continu. À noter aussi que l’artiste québécois le plus populaire sur les plateformes demeure le rappeur Enima, qui, fort de son casier judiciaire bien garni, prend un malin plaisir à glorifier la criminalité et le proxénétisme dans ses chansons. Mélanie Lemay, cofondatrice du collectif Québec contre les violences sexuelles, y voit plutôt les conséquences des «gens qui disent qu’il faut séparer l’artiste et son oeuvre». Un discoursqui a eu pour conséquence de discréditer le mouvement #MoiAussi, regrette-t-elle.