Le masque chirurgical est-il vraiment efficace ? A-t-on fait fausse route avec le masque pour tous ? Les confinements ? Après 3 ans de pandémie, certains remettent en question la pertinence des mesures adoptées pour freiner la transmission de la COVID-19. Le premier auteur d’une récente méta-analyse sur l’efficacité des mesures physiques de réduction de la propagation des virus respiratoires a déclaré qu’il n’y a aucune preuve que le masque est efficace. Il n’en fallait pas plus pour que se répande l’assertion que le masque ne fonctionne pas. Une chronique d’opinion publiée dans le « New York Times » fin février a même enfoncé le clou. Véritable pavé dans la mare, ces déclarations ont ravi les groupes opposés aux mesures, qui trouvaient enfin un écho à leurs convictions. Et elles ont aussi fait réagir les scientifiques habitués à des publications rigoureuses de la Cochrane Library, dont les publications sont considérées comme une référence pour les professionnels de la santé. « Plusieurs commentateurs ont prétendu qu’une revue Cochrane récemment mise à jour montrait que “les masques ne fonctionnent pas”. Il s’agit d’une interprétation inexacte et trompeuse. […] Il serait plus exact de dire que les résultats de la revue […] sont peu probants. » - La Dre Karla Soares-Weiser, rédactrice en chef de la Cochrane Library « En criant haut et fort que le masque n’était pas efficace, [Tom] Jefferson est allé au-delà de ce que les données de sa revue lui permettaient de dire », clame Geneviève Marchand, chercheuse en prévention des risques à l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail. La scientifique souligne que la méta-analyse de la Cochrane Library a passé en revue les données de recherches « qui n’avaient pas les mêmes objectifs », certaines portant sur la COVID-19, d’autres sur la grippe. Or, les virus causant ces maladies sont très différents : le SRAS-CoV-2 est beaucoup plus contagieux et se répand dans de plus fines gouttelettes, plus longtemps en suspension dans l’air, que le virus de l’influenza. 42,3 % Moins de la moitié des participants aux recherches de la revue qui devaient porter le masque ont suivi la consigne. « Il devient difficile de démontrer l’efficacité du masque si les gens ne le portent pas. » « Les études de laboratoire dans lesquelles le masque est bien porté et bien ajusté ont montré son efficacité. C’est un outil qui, s’il est porté correctement, va nous protéger », rappelle Benoît Mâsse, professeur en santé publique à l’Université de Montréal. « Il ne faudrait pas que la population ait complètement perdu confiance au masque sur la base de [cette étude]. Malheureusement, je crains que ça nourrisse les mouvements qui remettent en doute tout ce qui a été fait pendant la pandémie » - le professeur Benoît Mâsse, professeur à l’École de santé publique de l’Université de Montréal